Quelle politique étrangère pour le troisième mandat de Poutine ?
Quelques jours après sa reprise du pouvoir, beaucoup de dossiers internes attendent Vladimir Poutine. Mais diplomatiquement, le tsar de ce début de siècle a beaucoup à faire pour remettre la Russie sur de bons rails.
Il ne faut pas attendre de grands changements dans la politique extérieure russe, tout simplement car Poutine, bien que Premier Ministre depuis 2008, en a tiré les ficelles. Autrement dit : préservation des intérêts russes dans les pays voisins, et recherche du statu quo plus globalement. Car en effet l’économie russe est bien plus friable que les autres en temps de crise pour une seule bonne raison : son économie quasi-rentière en hydrocarbures. Ce n’est pas par hasard si les deux mandats de Poutine avaient été une réussite politico-économique jusqu’en 2008, avec une hausse constante des prix du brut jusqu’alors.
Poutine aura pour objectif de réellement replacer la Russie dans le champ des grandes puissances. Car, depuis vingt ans, sa place au G8 est très largement usurpée, et due véritablement au seul poids historique et politique du pays. Economiquement, la puissance russe n’en est pas une. Les secteurs non-liés aux hydrocarbures ne sont pas en croissance, les investisseurs étrangers sont toujours aussi peu enclins à investir dans un pays gangréné par la corruption. Et si l’on évoque également la déliquescence de l’armée (liée directement aux problèmes démographiques), les motifs d’inquiétude sont nombreux.
Quid d’un quatrième mandat ?
Cette dernière question peut prêter à sourire, tant les médias occidentaux ont assuré les masses que Poutine avait déjà gagné les prochaines élections en 2018. C’est bien mal connaitre le peuple russe, qui, influencé par les idéaux démocratiques occidentaux, saura faire entendre sa voix un jour ou l’autre.
Sur la scène internationale, le pari de Poutine sera de faire prévaloir son refus de tout droit d’ingérence. Sur les questions iraniennes et nord-coréennes, il s’opposera à toute sanction disproportionnée, non pas par respect pour l’idéologie russe, mais bien parce que l’escalade meurtrière qui pourrait s’en suivre a tout pour menacer indirectement la Russie. Idem en Afghanistan, où Poutine appréhende fortement les clivages qui s’intensifieront après le retrait de l’armée américaine.
Au final, à trop vouloir et défendre le statu quo permanent, Poutine prend un sacré risque. Un monde évoluant à la vitesse grand V ne peut, logiquement, autoriser une diplomatie bien trop conservatrice. Mais la Russie n’est pareille à aucune autre. Car s’il y a bien un pays qui ne doutera jamais de sa force, c’est bien cette « réémergente » Russie…